Pourquoi la cause animale touche-t'elle plus que la cause humaine ?
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Eleveurs & Pédigrée
L'été dernier, lors d'une partie de chasse, un dentiste américain tuait Cécil le Lion. Cela avait provoqué un véritable raz-de-marrée médiatique et avait ému le monde entier. Ce fait divers a fait les gros titres plusieurs jours d'affilée. Les jours suivants, à Calais, un migrant soudanais trouvait lui aussi la mort en tentant de rejoindre l’Angleterre par l’Eurotunnel. Sa disparition n’a provoqué, en comparaison, que très peu d’émoi. Mais ce n'est pas cas rare car dès qu’il s’agit d'animaux, les réactions sont très vives. En juillet 2014, une jeune chasseuse américaine avait pris des selfies devant ses trophées de safaris ce qui avait indigné de nombreux internautes. De même pour la mort de Diesel le chien policier, mort lors de l'assaut du RAID en novembre dernier.
De ce constat, la science en a fait une étude très sérieuse qui confirme ce favoritisme envers l'animal par rapport à l'homme. Menée par l'Université Northeastern aux États-Unis, cette étude montre l’empathie de 240 hommes et femmes envers un enfant, un homme d'une trentaine d'années, un chien de 6 ans et un chiot, à travers la lecture d'histoires fictives. Résultat, **l'homme adulte était le dernier dans le cœur des sondés, derrière l'enfant, le chiot et le chien**.
Pourquoi une telle empathie dès qu’il s’agit d’animaux ? Cet ordre de priorité peut sembler étonnant. Dans l'imaginaire collectif, les animaux jouissent d'une "auréole d'innocence", dénués de toute mauvaise intention comparés à l'homme.
Relevons toutefois que cette "empathie" n'est que relative et subjective. Notre capacité d'empathie suit en réalité ses propres règles, très arbitraires. Georges Chapouthier, neurobiologiste et philosophe, rappelle que l'être humain reste indifférent à la plupart des espèces de la planète : «*Les espèces qui nous semblent esthétiques, ou les espèces domestiques, sont bien perçues. Mais d'autres espèces sont considérées comme nuisibles ou ont mauvaise réputation*». Il déclare ensuite que nous ne dirons jamais : «*Oh, la pauvre petite blatte ! Que quelqu'un protège ce crapaud ! Quelle honte, la mort de ce rat !*»
Nous sommes **programmés génétiquement** pour être touchés par les êtres vivants dont les traits se rapprochent de ceux des bébés humains. Le zoologiste et prix Nobel de médecine Konrad Lorenz a déterminé nos caractéristiques favorites dans un ouvrage de 1965 : « Une tête relativement importante, un crâne disproportionné, de grands yeux situés bien au-dessous, le devant des joues fortement bombé, des membres épais et courts, une consistance ferme et élastique et des gestes gauches sont des caractères distinctifs essentiels du *mignon* et du *joli*. ». Voilà pourquoi les bébés panda, ours, chien ou lion nous touchent autant.